Impressions de notre BAF Christophe V.


Vous m'avez sollicité pour que je partage avec vous les impressions qui ont été les miennes lors de ma réception dans cette Respectable Loge Formosa. Permettez-moi de profiter de moment pour vous remercier pour votre accueil et pour ce que vous êtes, que je ressens. 

 

Par avance, je sollicite votre bienveillance : durant cette réception, rien n'a été clair pour moi et comme vous avez certainement pu le constater, vous avez hérité d'un nouveau F:. très émotif. Je vais donc faire de mon mieux.

 

La politesse veut que lorsque l'on désigne l'autre mais également soi-même, on commence par l'autre. Ainsi dit-on, « mon F:. et moi » et non « moi et mon F:. ». Je vais devoir transgresser quelque peu cette règle pour vous décrire ce que j'ai ressenti :

 

Il y a eu moi, il y a eu vous, il y a vous et moi.

 

Il y a eu moi :

Pour être honnête, je ne suis pas arrivé à ma réception vierge d'information concernant la F:.M:. Mon chemin vers vous a été long et bien sûr, il a été jalonné de lectures et d'échanges. Je n'ai donc pas été surpris, à mon arrivée, de me retrouver dans cet endroit même si je ne l'avais pas imaginé si petit et si dépouillé. Ce lieu représentait un rendez-vous avec moi-même et j'avais peur d'y avoir peur, de trembler, de ne pas pouvoir écrire, j'avais peur d'y suer toute ma peur.

 

Lorsque la porte s'est refermée, j'ai pris un temps pour m'imprégner du lieu, de ces phrases qui m'étaient présentées et que mon esprit confus a déjà oublié. Ces phrases, ce lieu dépouillé, appelaient à la confiance et à l’honnêteté et, au final, j'ai été surpris de constater que je n'étais pas affolé, et même étrangement serein. Ce moment avait un goût de fin et me rapprochait de ce que je souhaitais depuis bien longtemps : je voulais donc le vivre avec force et avec vérité, j'y parvenais.

 

Pour ne pas se mentir, le mieux est encore d'être seul face à soi-même. Au fil des minutes puis des quarts d'heures, j'ai compris que ce moment allait être long. Je devais donc, pour le vivre, descendre profondément en moi, ne pas laisser perdre ce temps. Lorsque la porte s'est ouverte et qu'un F:. s'est adressé à moi d'un ton grave et solennel, j'ai vacillé dans autre état une fois la porte refermée : cette figure devant moi, la lumière vacillante, ce volume, ces ténèbres... était-ce de ma mort dont il s'agissait, allais-je mourir ? Et pourquoi pas, cette idée ne me gênait pas. Pour renaître, il faut accepter de mourir...

 

Lorsque la porte s'est à nouveau ouverte et que ce même F:. m'a préparé pour être présenté à la porte de la L:., mon corps a tout d'un coup repris le dessus. Finie la sérénité, j'étais comme un malade que l'on conduit de sa chambre d'hôpital à la salle d'opération. Impuissant, affolé, dépouillé, aveugle, sans repère... : cette fois, c'était sûr, j'allais mourir. Et pourtant, j'étais également comme un joueur de foot durant un match qui va enfin entrer sur le terrain, impatient et excité. C'était sûr, j'allais vivre. Ce moment devant la L:. a duré une éternité et je me suis demandé si j'allais pouvoir tenir le choc tant ces deux certitudes me déboussolaient. 

 

C'est donc dans cet état totalement vibratoire que je suis entré dans la L:.. J'y ai trainé mon corps durant ces trois voyages, incapable de mettre un pied devant l'autre, incapable de prononcer une phrase sans que ma voix ne tremble. Mes forces m'abandonnaient, seuls ces deux FF:. à mes côtés et ma volonté me maintenaient. Je ne voyais pas et entendais si peu. Mais j'avançais. Tout était important, je le savais.

 

J'ai vécu cette importance sans pouvoir la comprendre. Juste m'y abandonner. Ce poids sur mon cœur était lourd, menaçant. Devais-je donc mourir de ma propre main ? Je vais devoir apprendre.

 

Après que l'on m'ait aidé, je me suis retrouvé à genoux : j'y étais, c'était là. La croisée des chemins, la promesse d'un autre état. Je pouvais mourir tout en m'engageant vers la vie. Il faut une fin pour que le début puisse exister. Je me suis engagé, sans force, et j'ai prêté serment. Ce moment sera inoubliable.

 

Et l'on m’a donné des habits. Pardonnez-moi car je ne suis pas sûr que mon sentiment était approprié mais, j'étais fier, fier de ces habits que l'on m'a offerts. Fier d'être reçu parmi vous, fier d'être parmi vous. Je ne suis pas l'aise avec ce sentiment car je ressens également que l'humilité va être une compagne indispensable si je veux apprendre.

 

Il y a eu vous :

J'ai eu le plaisir de rencontrer certains d'entre vous durant une soirée à laquelle vous avez bien voulu me convier. J'ai également rencontré trois d'entre vous avant mon arrivée. Je connaissais déjà depuis longtemps l'un d'entre vous. Durant ces rencontres, j'ai ressenti de la bienveillance et, j'ose l'écrire, de l'amour. A la fête de la Saint-Jean d'été, j'ai eu un étrange sentiment : j'étais chez moi parmi vous. 

Avant de me présenter le soir de ma réception, j'ai souvent pensé à vous. Dans ces lieux, j'ai pensé à vous. Durant ces moments, j'ai pensé à vous. Je savais que vous étiez-là. Je pense d'ailleurs que j'ai toujours su que vous étiez là même si je l'ignorais.

Lorsqu'il m'a été donné de retrouver un peu de lumière, j'ai eu du mal à vous distinguer. Vous étiez menaçants. Un sentiment m'a parcouru : « je vais devoir être à la hauteur, je vais devoir grandir ». Et puis je vous ai perdu à nouveau. Et puis la lumière est revenue, cette fois bien plus intense. Vous étiez toujours là mais la menace était passée. Pourquoi cette lumière aveuglante ? Je me dis que je vais devoir être patient et cheminer.

Puis vous m'avez reconnu alors que je vous ai été présenté.

 

Il y a vous et moi :

Une fois la porte de la L:. refermée et alors que je me sentais dans mes petits souliers, je me suis retrouvé entouré et applaudi. Entouré et reconnu. Entouré et accueilli. Je tiens à m'excuser de n'avoir pas su dépasser mes émotions et de ne pas vous avoir suffisamment remerciés. J'ai compris à ce moment-là que ce que j'avais ressenti quelques temps auparavant était juste : je suis bien chez moi avec vous. 

 

A partir de cet instant, à partir de ces mots, je risque d'être confus dans mon expression si tant est que j'ai pu être clair jusque-là, j'en suis désolé:

Durant ce repas que nous avons partagé, quelque chose s'est imposé. « Vous et moi », ce n'est pas vous d'un côté et moi de l'autre. Ce n'est pas une addition mathématique dans laquelle un et un font deux. Ce « vous et moi » est un tout qui n'est pas divisible. Sans FF:. et SS:., je ne suis pas un F:.. « Vous et moi », ce n'est pas une addition, c'est quelque chose qui est « un ».

Durant cette soirée de réception, un chiffre était présent : le trois. Je ne vais pas ici faire l'énumération de tous ces « trois » que j'ai perçus mais je me suis posé quelques questions :

Est-ce que ce « vous et moi » ne serait pas un trois ? Ou un « un » ? un et un feraient Un ? L'ensemble ferait trois ? Et « trois » ferait Un ? Je m'y perds...

Ce « Vous et moi », au delà du vous et au delà du moi, ce « vous et moi » qui suppose bien des vertus et du travail, ce ne serait pas l'amour ?

Et cette lumière qui m'a été offerte deux fois durant ma réception, en deux états, une fois vascillante, une fois aveuglante... me sera-t-elle accessible une troisième fois, dans un troisième état ?

 

Pour finir, durant ma réception, j'ai entendu le mot «cherchant », le mot « persévérant » et enfin, le mot « souffrant ». « Cherchant » et « persévérant » sont des mots que je pense, j'espère... comprendre. Celui de « souffrant » m'a évoqué ma propre souffrance, celle que je connais déjà et dont je me passerais bien. Faut-il donc en rajouter ? Et puis, je me suis dit que cette souffrance que j'avais fréquentée jusque-là, je devais peut-être m'employer à l'abandonner. Cette souffrance me semble égoïste, tournée vers moi-même. Elle ne concerne que moi alors qu'il y a ce « vous et moi ». Votre bienveillance me laisse penser que vous souffrez pour moi. Alors, que je puisse continuer à souffrir pour moi, cela me semble désormais hors de propos même si je ne sais pas comment parvenir à un autre état sincère et puissant : souffrir pour vous, souffrir pour les autres.

 

En conclusion, cette soirée de réception a été une fin et un début. J'y ai ressenti de la sérénité puis de la peur, de la confusion. J'ai ensuite goûté à la fraternité. Je me sens prêt à cheminer quels que soient le bout et le temps du chemin, cheminer vers ma lumière même si je suis aujourd'hui dans l'ombre.

 

 

Christophe V.